Parijs - 19e eeuw Caïman - pseudoniem ()

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Caïman

La caricature

nr. 367

8 januari 1887

LA SCÈNE A FAIRE

 

Personne n'ignore que Sardou, dans le Crocodile , a complètement oublié la scène à faire.

Il en est du reste toujours ainsi, car si les auteurs s'avisaient de faire la scène à faire, ce serait une scène faite, il n'y aurait plus, par suite, de scène à faire, ce qui serait vraiment fâcheux.

Donc empressons-nous d'écrire la scène oubliée.

Elle est simple, elle est grandiose, elle est surtout pleine d'enseignements, mais les belles-mères la laisseront ignorer à leurs gendres.

Richard et Liliane se trouvent seuls dans l'île, le navire hollandais est passé sans les voir.

Le rêve des deux amoureux est réalisé.

Seuls, enfin !

 

RICHARD. —Nous voici donc, ô ma bien-aimée, perdus pour le reste du monde... quelle délicieuse existence... cette île sera notre paradis après comme avant la faute.

LILIANE. — Oui, mon ami, il est doux, quand on s'aime, de vivre loin du monde méchant et jaloux, et de passer sur la terre la main dans la main, les yeux dans les yeux, sans que ni

les préjuges, ni l'envie ne nous puissent séparer.

RICHARD. —Les préjugés, les lois!., chimères!.. nous sommes libres... unissons-nous dans un baiser. (Il veut la prendre dans ses bras.)

LILIANE, se reculant.-- Mais nous ne sommes pas mariés, mon ami.

RICHARD. —Eh! bien, nous allons l'être... d'après les lois en vigueur dons cette île déserte.

LILIANE, rageuse — C'est égal... quand j'y pense, pas même un conseiller municipal!.. qu'est-ce qu'on pensera de moi dans mon pays, si on vient à le savoir?...

RICHARD. — O ma Liliane, c'est le consentement qui fait le mariage, nous n'avons personne pour recueillir ce consentement... confions-le à la brise qui passe.

LILIANE. — Hélas ! où va la brise ?...

 

Richard et Liliane, a l'ombre d'une forêt vierge, échangent leurs serments ; au sommet d'un cocotier, un vieux singe, l'abdomen enguirlandé de lianes comme d'une écharpe les regarde d'un œil attendri ; les deux jeunes époux s'enfoncent au plus profond de la forêt, et les oiseaux seuls pourraient raconter ce qui se passe.

Un mois s'écoule dans des félicités sans fin. Richard et Liliane se sont nourris à peu près d'amour et d'eau claire,— quelques fruits par ci par là.

Richard présente à peu près l'embonpoint de Succi après son jeûne, et Liliane est tellement diaphane que Sarah Bernard en pâlirait de jalousie.

Ils commencent l'un et l'autre à avoir assez de leur menu.

 

RICHARD — C'est embêtant, ô ma Liliane, d'avoir continuellement des crampes d'estomac. LILIANE. — J'allais te le dire, mon ami.

RICHARD. — Si nous essayions de manger quelque chose de plus substantiel ?

LILIANE. — Dame ! ça te regarde. Si tu t'occupais un peu de chasser ou d'aller à la pêche ? RICHARD. — Je veux bien.., et tu tâcheras de me fricoter un peu gentiment ce que je t'emporterai.

 

Richard s'élance à la chasse.

Il revient le soir, harassé, rapportant un vieux perroquet, un des patriarches de l'île.

Liliane l'apprête pour le mettre à la broche.

 

RICHARD. — Mais tu vas te salir abominablement les mains... O poésie, voile-toi la face... ô mes rêves...je vais aller faire un tour en attendant.

 

Quand il revient le volatile, une branche d'arbre à travers du corps, achève de cuire.

 

RICHARD. — Mettons-nous à table.

LILIANE. — Seulement nous n'avons pas de pain.

RICHARD. — Voici quelques noix de coco, ça nous en tiendra lieu. ..quel festin !

 

Ils se placent tous les deux auprès d'une grosse pierre.

Liliane dépose le perroquet rissolé au milieu sur une large feuille.

 

RICHARD. — Nous ne pensions pas que nous n'avions pas de couteau... Diable! comment faire?

LILIANE. — A nous deux nous y suppléerons... prenez cette cuisse, moi cette aile, et puis tirons chacun de notre côté.

RICHARD. — Que d'histoires, pour un vieux perroquet!

 

Ils tirent de toutes leurs forces, l'oiseau résiste, enfin il se partage en deux ; Richard et Liliane vont rouler par terre, chacun avec leur morceau.

 

RICHARD, grommelant. — La gymnastique obligatoire, à présent.

 

Ils se relèvent et se mettent à mordre à même leur roti.

 

LILIANE. — Le fumet n'en est pas exquis.

RICHARD, après de nombreux efforts infructueux. — Nom d'un nom! qu'il est dur... ça ne m'étonne pas si ces perroquets vivent cent ans, ils sont taillés pour ça... et puis c'est cuit... oh! là là!

LILIANE. — C'est-à-dire qu'il est cuit à point, mais il est naturellement coriace.

RICHARD. — Est-ce que je savais s'il était tendre quand je l'ai pris.

LILIANE. — Non, mais tu aurais pu mieux tomber.

RICHARD. — Mieux tomber... je te conseille de critiquer ma chasse... quand on sait la faire cuire comme toi.

LILIANE. — Ce rôti n'est pas cuit à point!

RICHARD. — Oh ! là là... quel cordon bleu !

 

Cette interjection jette un froid. Liliane se met à bouder Richard qui va se coucher de fort méchante humeur. Cela dure quinze jours. Richard, après une marche forcée, rapporte invariablement le même genre de gibier, car n'ayant point de fusil, il ne peut s'emparer que des perroquets paralytiques qui veulent bien se laisser prendre.

Le quinzième jour, après avoir passé un quart d'heure à déchiqueter l'oiseau en deux, devenus absolument furieux, au lieu de porter chacun leur morceau à leur bouche, ils se le flanquent réciproquement à la tète.

 

LILIANE. — Monsieur, je retourne chez ma mère.

RICHARD. — Allez où vous voudrez.

 

Liliane est prise d'une attaque de nerfs. Richard va se promener sur la hauteur en sifflottant. O bonheur!

Il aperçoit un navire.

Il fait des signaux.

Un canot accoste.

Richard et Liliane s'embarquent tous les deux.

 

LILIANE. — avant de s'embarquer. — Vous savez, monsieur, notre mariage... devant le singe, en ne compte pas... nous n'aurons pas même besoin de divorcer.

Deze (complete) tekst is een satirische aanvulling op het muzikale theaterstuk Le Crocodile van Victorien Sardou, dat op 21 december 1886 in première was gegaan in het Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Massenet tekende voor de muziek. De auteur van La Caricature, Caïman (ps.) presenteert hier de scène die volgens hem door Sardou geschreven had moeten worden, maar die niet in Le Crocodile voorkomt.

Le Crocodile is de naam van een Nederlands stoomschip dat schipbreuk lijdt op weg naar Batavia, waarna de opvarenden proberen te overleven op een eiland. Allen worden echter door bandieten afgevoerd van het eiland, behalve Richard en Liliane. Op dat moment van theatrale handeling, had, volgens Caïman, deze scène moeten invoegen: de 'scène à faire'.

KLIK HIER voor meer gegevens over Le Crocodile en de samenhang daarvan met de tekst van Caïman.

Perroquet à la carte